RENCONTRE AVEC DIANE SEURAT, PRÉSIDENTE D’AUDIENCE AU SEIN DU CONSEIL DES PRUD’HOMMES DE PARIS

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LE SENS DE L’ENGAGEMENT

Diane Seurat a prêté serment en entrant au Conseil des Prud’hommes de Paris qui est aujourd’hui le plus grand de France. « Je jure de remplir mes devoirs avec zèle et intégrité et de garder le secret des délibérations. » Ce serment l’engage et cette jeune retraitée nous explique pourquoi elle est fière d’aider les salariés dans le respect des valeurs de la CFTC au sein de cette prestigieuse organisation.

Diane, pouvez-vous vous présenter ?
J’ai 67 ans, je suis mariée et j’ai 3 enfants. J’ai effectué toute ma carrière dans l’univers informatique au poste de consultante fonctionnelle. Dans toutes mes missions professionnelles, j’ai toujours eu à cœur cette notion de
service et d’utilité pour les autres. Je suis maintenant à la retraite et je me consacre pleinement à mon mandat.


Comment vous êtes-vous rapprochée de la CFTC ?
En 2002, sur l’incitation de mon beau-frère lors d’un souci de mutation dans ma société. Ce dernier m’a mis en relation avec un membre du conseil confédéral. Nous avons pu échanger sur le fonctionnement du syndicat, il
m’a confirmé que la CFTC n’était rattachée à aucun parti politique, ce qui était important pour moi et bien sûr nous avons évoqué les valeurs fondamentales de la CFTC.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans les valeurs de la CFTC ?
J’ai tout de suite été séduite par les valeurs de respect de l’être humain dans toutes ses « dimensions » : sociales, travail, famille, culture, religion. Sans oublier la volonté de permettre à chacun de gagner sa vie dignement et de
pouvoir en vivre. Je dois aussi souligner la bienveillance des bénévoles, leur engagement, leur écoute et leur volonté de dialogue. Je ne pensais pas trouver ces valeurs qui étaient essentielles pour moi au sein d’un syndicat.


Vous aviez des aprioris ?
C’est vrai que je voyais l’action syndicale avec les aprioris négatifs que l’on connaît. En entrant à la CFTC je me suis rendu compte que j’étais loin de la réalité et surtout mes craintes sur les affiliations politiques ont été tout de suite levées. La CFTC ne s’engage pas pour un parti politique, elle s’engage pour les salariés. C’est ce qui a fini de me convaincre.

Quel a été votre parcours au sein de la CFTC ?
J’ai été déléguée syndicale et déléguée du personnel dans ma société puis membre du conseil du SICSTI (Syndicat CFTC de la branche de l’ingénierie et des services), et membre du conseil de l’UD, avec la particularité de connaitre et représenter dans le secteur du numérique les PME à la fois producteurs de logiciels et sociétés de services. J’ai intégré le conseil des Prud’hommes en 2009.


Pourquoi le choix des Prud’hommes ?
Au moment de la préparation des élections du conseil des Prud’hommes, je suis allée à un Forum pour les délégués syndicaux, organisé par l’UD et j’ai répondu à la demande de candidatures qui avait été faite. C’était pour moi une nouvelle façon d’aider les salariés, dans le respect des fondamentaux de la CFTC. J’ai été élue au sein de la section « encadrement » réservée aux cadres et assimilés. Les dossiers que nous traitons au sein de cette section touchent toutes les activités et les sujets sont extrêmement larges et variés.
La CFTC ne s’engage pas pour un parti politique, elle s’engage pour les salariés.


Comment vous êtes-vous investie dans cet univers que vous ne connaissiez pas ?
Une fois élue, la première chose importante pour moi a été de me former, car je découvrais un monde complètement nouveau. Je voulais comprendre l’organisation des Prud’hommes qui n’a pratiquement pas d’équivalent en Europe. Je me suis investie et formée le mieux possible à cette nouvelle mission. Ce qui m’a également beaucoup aidé c’est l’accueil, le soutien et l’accompagnement des anciens

Quelle la spécificité des Prud’hommes ?
Il faut savoir que quand nous entrons au conseil des Prud’hommes, nous prêtons serment, ce qui est important. Cela veut dire que nous nous engageons à nous appuyer sur le droit et à l’appliquer au mieux,
dans des cas concrets. Les 4 conseillers qui vont rendre leur jugement (2 conseillers salariés et 2 conseillers employeurs) doivent être totalement impartiaux. En tant que Présidente d’Audiences je suis particulièrement attachée à cette ligne de conduite.


Qu’est-ce qui vous séduit au sein des Prud’hommes ?
C’est une activité très riche, très intéressante et très variée. Nous nous sommes dans l’univers juridique, mais au cœur de l’activité économique et sociale, nous traitons des dossiers parfois complexes. Nous nous impliquons dans la vie du Conseil et au sein de la section « encadrement », il y a une très grande diversité de sujets.
Le travail avec les autres conseillers et la confrontation de la compréhension de situations de la vie des travailleurs est d’une grande richesse humaine.

À quelles difficultés êtes-vous confrontées ?
En tant que Présidente d’audiences je dois rédiger les jugements, ce qui est un travail énorme, car il faut motiver chaque décision. Il est parfois difficile à concilier ce travail de rédaction avec les contraintes de certains métiers et l’on doit alors prendre sur notre temps libre.
Certains sujets peuvent être totalement inédits et nous devons faire des recherches pour mieux les appréhender.
Heureusement, sur les sujets un peu complexes, nous sommes 4 pour les creuser ensemble.

L’autre difficulté à laquelle nous sommes confrontés, c’est la disponibilité des conseillers et la difficulté à les remplacer en cas d’absence. Il faut que chacun se mobilise pour que l’institution fonctionne au mieux.

Et si c’était à refaire ?
Je m’engagerais de la même manière pour les Prud’hommes, car c’est extrêmement gratifiant même si cela représente beaucoup d’investissement personnel dans un temps imparti qui est souvent très court. C’est
passionnant et, quel que soit notre bord, salariés ou patrons, nous travaillons tous dans le même sens et dans une bonne ambiance de respect et d’écoute même si nous ne sommes pas toujours d’accord. Du reste, j’ai demandé à reconduire mon mandat lors des prochaines nominations des conseillers prud’homaux.